La crise actuelle nous oblige à nous rendre à l'évidence que la société ferait mieux d'investir pleinement dans l'inclusion des personnes vulnérables. Laisser les gens seuls et dans l’attente, dans des conditions inhumaines, est le signe d'une mauvaise politique et constitue un important facteur de risque lorsque quelque chose tourne mal dans la société.

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Notre public et le Covid-19

Avec Infirmiers de rue, nous accompagnons des personnes sans-abri extrêmement vulnérables, afin de les sortir de la rue et de les réinsérer durablement en logement. Nos patients combinent une longue période en rue avec des problèmes de santé physique et souvent mentale, et ont une mauvaise hygiène.

Même s'ils vivent dans un isolement relatif, leurs conditions de vie, leurs maladies souvent chroniques et leur âge (52 ans en moyenne) les rendent encore plus sensibles que les autres à l'infection par le virus Covid-19.

Ils sont également très dépendants de toutes sortes d'infrastructures telles que les centres de jour et de nuit, les restaurants sociaux ou les refuges. D’une part, ceux-ci peuvent devenir des foyers potentiels d'infection, mais, d'autre part, leur fermeture entraîne également un manque d'accès à la nourriture et aux installations sanitaires.

Nous devons donc faire tout notre possible pour empêcher ces personnes d'être infectées et, si elles le sont, veiller à ce qu'elles soient traitées de manière appropriée.

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Quel est l'impact de la crise de la corona sur nos patients ?

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Les patients dans la rue

Manque d'informations : les personnes vivant dans la rue n'ont pas accès aux médias dans la même mesure que les autres ; elles n'ont donc que peu ou pas d'informations sur ce qui se passe exactement, sur le virus corona, sur la façon de s'en protéger, sur les mesures imposées par le gouvernement.

Pas d'accès aux installations sanitaires : l'isolement et les mesures d'hygiène sont également presque impossibles à appliquer pour les personnes sans-abri. En effet, elles ne disposent pas d'un logement où elles peuvent se retirer en toute sécurité, et elles n'ont pas accès aux installations sanitaires ou a du savon pour s'occuper de leur hygiène de manière adéquate.

De plus, en raison des mesures imposées par le gouvernement, plusieurs centres ont fermé leurs portes, rendant l'accès aux toilettes, aux douches et aux machines à laver encore plus difficile. Il est donc presque impossible de se protéger (et de protéger les autres) contre le virus.

Pas d'accès aux structures médicales : les personnes sans-abri présentent de nombreux problèmes physiques et psychologiques (chroniques). Elles dépendent principalement des services d'urgence des hôpitaux ou des centres médicaux communautaires pour pouvoir demander une aide médicale. En raison de la crise, l'accès à ces institutions est devenu beaucoup plus difficile.

Faim et soif : suite aux mesures de crise, les restaurants sociaux ont fermé, les organisations d'aide ont dû arrêter ou réduire leurs activités, les cafés et snacks ne peuvent plus ouvrir et il les rues se sont vidées de leurs passants. Pour les personnes vivant dans la rue, il s’agit là de leurs canaux habituels d'approvisionnement en nourriture et boissons. La situation est donc devenue extrêmement compliquée, et certains souffrent déjà de faim et soif.

La solitude : enfin, il y a le sentiment de se retrouver complètement en dehors de la société. Les rues sont vides, la solitude devient encore plus grande.

Les patients en logement

Isolement : la solitude est en temps normal un problème pour la plupart de nos patients relogés, et cela le reste d’autant plus en cette période de confinement.  Ce groupe de personnes ne dispose pas non plus de tous les moyens techniques modernes ni des compétences nécessaires pour rester en contact à distance avec les personnes qui les entourent et la société en général.

Situation médicale : dans beaucoup de cas, elle est déjà normalisée (présence d’un médecin traitant, mutuelle en ordre, etc.)  mais cela ne veut pas dire que la personne est autonome dans la prise de rendez-vous ou pour se rendre chez son médecin. Par ailleurs, elle n’est pas toujours consciente de la gravité de son état ou parfois ne prend pas son traitement de manière régulière. Avec la crise, le suivi de ces personnes et l’accès au médecin sont rendus plus compliqués.

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Notre travail

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En rue

Le travail de rue se poursuit.

Plus que jamais, nous accordons une grande attention, dans nos contacts, à la fourniture d'informations sur les dangers du coronavirus et sur la nature et la nécessité des mesures imposées pour se protéger et protéger leur environnement. L'objectif est de contribuer à une prévention adéquate par une information correcte, une présence continue et une surveillance médicale à un moment où les rues sont de plus en plus vides.

Comme les hôpitaux doivent être préservés, nous surveillons encore plus la situation médicale de nos patients, en collaboration avec un certain nombre de médecins généralistes. Nous le faisons à la fois pour nos patients dans la rue et pour ceux qui sont en logement.

Nos équipes de rue font principalement des maraudes – tournées sans rendez-vous précis - , car il n'est pas possible pour l'instant de prendre des rendez-vous réguliers avec toutes sortes de services et d'institutions. La priorité est donnée aux patients les plus fragiles qui sont déjà dans notre suivi, en attendant que les services médicaux reviennent à la normale.

Mais nous recherchons activement maintenant aussi toutes les personnes en rue, particulièrement pour lesquelles nous n'avions jamais eu le temps auparavant, celles qui sont isolées ou qui se trouvent plus loin dans la périphérie de la ville, afin de les informer et d'avoir une vue d'ensemble de leur situation médicale. A tous nous donnons un soutien global : information, prévention, soins, alimentation si nécessaire, hygiène et surveillance médicale.

A partir du mi-avril, nous serons impliqués dans le suivi médical d’une trentaine de personnes sans-abri mis en abri dans un hôtel réquisitionné par la commune d’Anderlecht.

En logement

De nombreux rendez-vous pour des patients relogés doivent être annulés en raison des circonstances. Par ailleurs, toutes sortes de dossiers administratifs peuvent être suivis ou préparés par téléphone ou par voie électronique.

Ici, la surveillance médicale est d'autant plus prioritaire que ces patients sont isolés chez eux, et que les problèmes sont donc moins susceptibles d'être remarqués.
Nous restons en contact avec les patients des maisons de retraite par téléphone autant que possible.

Ce changement dans l’organisation du travail a amené la possibilité pour une partie de l’équipe logement de se redéployer en renfort de l’équipe rue, beaucoup plus sollicitée pour le moment.

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Les contraintes dues à l’épidémie

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Services moins accessibles : Les hôpitaux doivent être soulagés, on ne peut donc pas faire appel à eux comme en temps normal. C'est pourquoi, pendant cette pandémie, nous nous occupons autant que possible du suivi médical et de la prise en charge de nos patients. Chaque fois que cela est possible, nous le faisons en collaboration avec les médecins généralistes, en veillant à ne pas les surcharger.

Distanciation sociale vis-à-vis de nos patients: Nous devons être là pour et avec nos patients, mais en même temps nous devons appliquer les règles de la "distanciation sociale".
Nous devons veiller à ce que nos patients et les personnes sans-abri en général ne soient pas oubliés par la société, mais en même temps nous devons leur dire de prendre le plus de distance possible avec les autres.

Nous respectons les lignes directrices sur la distanciation sociale, également dans nos contacts directs avec nos patients, et veillons à ce que des masques buccaux, des tabliers, des blouses et des lingettes désinfectantes soient mis à la disposition de nos collègues et de nos patients afin de minimiser les risques dans les situations où un contact plus important est nécessaire

Distanciation sociale vis-à-vis de nos collègues : Nous devons éviter d'être infectés nous-mêmes afin de ne pas affaiblir nos capacités, nous devons donc garder une distance, également entre collègues, alors que nous avons pour habitude de travailler uniquement en équipe et de nous soutenir mutuellement.

Manque d’équipement de protection : Nous n'avons pas de grandes quantités d'équipements de protection (masques buccaux, gels désinfectants...), ni pour nous ni pour nos patients. Grâce à nos réseaux et à des appels ciblés au grand public, nous recherchons le matériel de protection nécessaire, tant pour nous-mêmes que pour nos patients.

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Notre adaptation à ces contraintes

Il est vraiment important de pouvoir continuer notre travail auprès de nos patients et de toutes les personnes en rue actuellement. Afin de minimiser le risque de contamination, qui pourrait mettre notre personnel et nos patients en danger, ou affaiblir notre capacité opérationnelle, toute l'organisation s'est adaptée.

Les équipes de soutien (administration, finances, logistique, communication) sont passées au travail à domicile. Les équipes de terrain ont été divisées et travaillent désormais de manière très autonome. Ce que nous pouvons accomplir de chez nous (suivi administratif, appels téléphoniques, courriels), nous le faisons à la maison. Les réunions internes sont tenues par vidéoconférence.

Quel rôle pour la communication et la sensibilisation dans cette période de crise ?

Notre intention est de contribuer à contenir l'épidémie et de continuer à soutenir nos patients à Bruxelles et à Liège pendant cette période difficile.

C'est pourquoi nous nous sommes également engagés à sensibiliser le public et à faire du lobbying politique pour attirer l'attention sur les difficultés spécifiques rencontrées par nos patients et les personnes sans-abri en général dans ces circonstances et pour demander des mesures appropriées pour les protéger du virus.

Comment collaborer avec nos collègues d'autres organisations pendant cette période ?

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La collaboration est plus que jamais nécessaire, tant à Bruxelles qu'à Liège.

Nous effectuons des tournées "mixtes" avec des collègues d'autres organisations et nous pouvons compter sur un soutien logistique pour l'achat et la distribution de nourriture.

Plusieurs plateformes de coordination ont été mises en place au sein du secteur pour centraliser les questions matérielles pratiques ainsi que pour renforcer la sensibilisation et le lobbying.

Comment le public peut-il nous aider ?

Pour pouvoir répondre avec souplesse et rapidité à l'évolution des besoins, nous devons conserver notre capacité d’action, aussi financier. D'une part, nous essayons de maintenir autant que possible nos activités normales, d'autre part, nous devons dégager aujourd'hui de nouveaux budgets pour l'achat d'équipements médicaux tels que des masques buccaux, des tabliers de protection, des solutions hydro-alcooliques, des gants jetables, des protège-chaussures, etc.

Nous devons également investir davantage dans l'achat de produits alimentaires pour nos patients.

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En outre, nous lançons régulièrement des appels spécifiques pour du matériel médical ou autre, en fonction de nos besoins à un moment donné.

Enfin, nous essayons également d'adapter la capacité de notre équipe aux circonstances et de fournir l'infrastructure informatique et de télécommunications nécessaire pour rendre une situation de travail à domicile et à distance accrue aussi efficace et confortable que possible.

Un effet indirect de la crise est la disparition des évènements de collecte de fonds déjà prévus, ce qui engendre un impact négatif sur les prévisions budgétaires.

Pendant cette période, il est important de maintenir des revenus financiers et de disposer de réserves suffisantes pour pouvoir répondre rapidement et avec souplesse à l'évolution des besoins.

Les dons financiers sont donc les bienvenus sur BE91 0014 6955 7676 ou via notre plateforme de paiement en ligne

Le dépistage des personnes sans-abri

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