Sortir une personne sans-abri de la rue et la maintenir en logement, cela demande de l’acharnement et de la persévérance. Dans ce processus, les moments de bien-être et de réconfort sont tout aussi importants que l’accompagnement médico-social. Ils nous permettent, avec nos patient·es, d’identifier et utiliser leurs ressources propres pour assurer leur réinsertion durable.

Avant toute chose, nous devons créer du lien

Il arrive que les équipes d’Infirmiers de rue parcourent jusqu'à 10 km, peu importe les conditions météorologiques, pour retrouver nos patient·es sans-abri. Ensuite, il s’agit d’établir le contact et créer du lien.

« La méfiance, le rejet, et le déni sont autant d'obstacles que nous devons surmonter, malgré les opportunités que nous offrons. Il peut s'écouler une année entière avant qu'une personne accepte simplement de prendre une douche ! », explique Pierre Ryckmans, coordinateur médical d’Infirmiers de rue.

Les ressources : un élément clé dans notre travail quotidien

Parallèlement à nos efforts médico-sociaux, nous consacrons beaucoup d'énergie à identifier et à exploiter les ressources de chaque individu.

Pierre : « Nous cherchons à comprendre ce que nos patient·es aiment manger, écouter, voir, et ce qu'ils/elles faisaient avant de se retrouver dans la rue. Nous nous interrogeons sur leurs expériences professionnelles, et nous explorons leur réseau familial. Tout ce que nous trouvons est considéré comme une ressource précieuse et permet de réhumaniser la personne. Cela lui montre qu'elle est bien plus que la somme de ses problèmes. »

Les équipes utilisent également ces informations pour instaurer une relation positive avec nos patient·es. « En ciblant leurs préférences, nous pouvons leur offrir des moments agréables, comme un repas qu'ils/elles apprécient ou une visite à un lieu qui leur tient à cœur. Cela peut ranimer leur motivation, tout en renforçant le lien partagé. »

Avec patience et persévérance, on y arrive

Heureusement, à mesure que le temps passe, des progrès se réalisent, et des situations se débloquent. « Les personnes commencent à nous faire confiance, à s'ouvrir, à gérer leurs émotions, à entreprendre des démarches et à renouer avec des aspects de leur vie qui semblaient perdus », explique Pierre.

Sans logement, pas de réinsertion durable

Rien n'est plus efficace qu'un chez-soi pour aider nos patient·es à exploiter leurs ressources et à se réintégrer dans la société. Le logement devient alors une ressource à part entière.

Pierre : « Quand on vit en rue, la perspective d'un logement constitue une source de motivation inestimable, même si elle peut s'accompagner de stress. Le simple fait de retrouver un logement peut déclencher des transformations, par exemple, la décision d'arrêter de consommer de l’alcool ou de la drogue. »

C’est grâce à vous que nous faisons ce travail