C’est quelqu’un qui avait un grand sens de l’humour, et une culture générale fabuleuse. C’était un de mes tout premiers patients, c’est peut-être pour ça qu’il m’a fort touché.

 
Il cassait vraiment l’image qu’on peut avoir de la personne sans-abri.
Il pouvait piquer des colères et ne s’entendait pas avec tout le monde. C’est là tout l’intérêt de la complémentarité entre collègues!
Mais j’arrivais à l’apaiser, et lors de certaines rencontres, on faisait des jeux de mot et on se marrait. C’est quand même tout de suite plus sympa et ça illuminait la journée.
Il est resté un peu moins de deux ans dans son logement, avant d’y décéder.
L’équipe m’a beaucoup aidé à surmonter cette épreuve. “Au moins, il est mort en logement”. Et là, tu te dis que, même si ce n’est que pour une semaine ou 15 jours, au moins il était à l’abri. Il a quand même pu se poser, être au calme, être chez lui.
Le boulot prend tout son sens à ce moment-là, et le principe du Housing First aussi.
 

Il est décédé plus dignement que s’il était resté à la rue.

 
On le vit alors de manière plus sereine. On s’en serait voulu s’il était mort en rue, ça aurait été très difficile pour l’équipe.
Il était resté des années en rue, dans un état pas possible.
C’était chouette qu'il finisse par intégrer un logement.
Mais en effet, il n’avait pas un caractère évident, Monsieur J....
 
 
(*) Nous mettons tout en œuvre pour respecter la vie privée de nos patients et notre secret professionnel. Nous voulons néanmoins témoigner de la façon dont ils doivent survivre et de la manière dont nous travaillons ensemble à leur réinsertion. Par conséquent, le nom des lieux et des personnes sont volontairement omis ou modifiés et des situations vécues sont placées dans un autre contexte. Il n’y a pas de lien direct entre les photos et les histoires ci-dessus.

Notre travail vous touche ? Vous souhaitez nous aider ?

© P-Y Jortay - Infirmiers de rue 2020