Dans ce témoignage, Lucia, travailleuse sociale, partage sa première expérience de remise en logement par Infirmiers de rue, alors qu’elle était encore stagiaire. Celle-ci s’étant soldée par un échec, elle illustre bien les allers-retours possibles avant une réintégration durable de la personne sans-abri.

Tout indiquait qu’il était prêt à entrer en logement

Lucia se souvient, ce jour-là, de la rencontre avec Monsieur C. dans un café : « Il était super propre sur lui. Il était content de nous dire qu’il s’était coupé la barbe et qu’il avait mis une chemise. »

À première vue donc, tout semblait parfait. « On lui avait trouvé un beau logement. Il disait être prêt à entamer une nouvelle étape de sa vie. La confiance régnait et nous étions enthousiastes quant à ce relogement. La réussite semblait assurée. »

Il voulait passer une dernière nuit en rue

Quand est venu le jour de l’entrée en logement, l’équipe l’a questionné sur ses plans. « Monsieur nous a indiqué qu’il voulait d’abord passer une dernière nuit en rue, avec ses amis. Il voyait cela comme un moyen de leur dire au revoir et de tourner la page. Nous comprenions son besoin, donc nous ne nous sommes pas inquiété·es. »

L’équipe a donc convenu de passer le voir le lendemain, pour voir comment s’était passée cette dernière nuit en rue et comment il se sentait. « Quand nous sommes arrivé·es au logement, rien. Pas un bruit. Il n’y avait personne à l’intérieur. Il n’était pas là », se souvient-elle.

L’équipe est passée quelques jours après pour voir où il en était. Son logement était resté vide et il était impossible de le joindre. « On a commencé à s’inquiéter. Que lui était-il arrivé ? On l’a cherché pendant plusieurs semaines, et il n’est jamais revenu dans son logement. »

 

gbhrsfv

Monsieur C. était retourné vivre en rue

L’équipe était très inquiète et restait à l’affût. Jusqu’au jour où un collègue l’a croisé en rue : « Monsieur lui a dit qu’il était très bien en rue. Il était en train de siroter sa petite bière avec ses potes. Il était propre sur lui et semblait être en bonne santé, mais n’avait aucune intention de rentrer dans son logement. »

Cela peut faire partie du processus, mais c’était une première remise en logement pour Lucia. « J’avais des attentes, je me disais que Monsieur allait avoir droit à un nouveau départ et qu’on serait là pour l’accompagner. Mais je pense qu’au final j’étais plus enthousiaste que lui », déplore-t-elle.

Au final, le choix lui appartenait

Depuis lors, la situation de Monsieur C. s’est améliorée il est retourné vivre avec son ex-femme. Il est toujours suivi par l’équipe d’Infirmiers de rue et il va bien.

Cette expérience souligne l’importance de comprendre les besoins individuels et de respecter les choix de chaque personne, et ceci même si l’on pense que son chemin est tout tracé.

Ce témoignage vous touche ? N'hésitez pas à faire un don

-- 

(*) Nous mettons tout en œuvre pour respecter la vie privée de nos patient·es et notre secret professionnel. Nous voulons néanmoins témoigner de la façon dont ils·elles doivent survivre et de la manière dont nous travaillons ensemble à leur réinsertion. Par conséquent, le nom des lieux et des personnes sont volontairement omis ou modifiés et des situations vécues sont placées dans un autre contexte. Il n’y a pas de lien direct entre les photos et les histoires ci-dessus.