17 octobre : Une journée pour lutter contre la pauvreté, un devoir pour agir à Liège et en Wallonie

Ce 17 octobre marque la Journée internationale de lutte contre la pauvreté. Une date symbolique, mais aussi un moment d’alerte, dans un contexte où les politiques d’austérité fragilisent les systèmes d’aide sociale en Belgique. Les mesures récentes – comme la limitation dans le temps des allocations de chômage, la suppression du Plan Grand Froid, le durcissement de la politique migratoire, la réforme sur les régimes de travail, etc. – accentuent les inégalités et renforcent la précarité de millions de personnes en Belgique.
 

Liège compte, parce que chaque personne compte aussi

À Liège, cette journée revêt une importance toute particulière. En effet, près d’un quart de la population y vit sous le seuil de pauvreté. La ville s’apprête à réaliser un nouveau dénombrement des personnes sans-abri et mal logées, un exercice essentiel pour objectiver une situation que beaucoup estiment s’être aggravée depuis 2020, année du dernier recensement. À l’époque, près de 500 personnes étaient sans abri à Liège, dont 78 enfants, et près de la moitié des adultes souffraient de problèmes d’assuétude.

Face à l’absence de données récentes, la Wallonie se base sur des extrapolations pour l’ensemble de son territoire, ce qui donne, pour 2024, 19.387 personnes dénombrées. Des chiffres qui ne cessent d’évoluer: à Charleroi, on est passé de 1 159 personnes sans logement en 2021 à 2 515 en 2024 ; à Namur, pourtant plus aisée, on enregistre une augmentation de 396 personnes sur la même période. Liège, comparable à Charleroi en taille et en profil social, ne peut être exclue de cette tendance préoccupante.

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Un instantané de la réalité

Le dénombrement de ce vendredi se tiendra dans cinq communes (Liège, Seraing, Ans, Herstal, Saint-Nicolas). Réalisé avec l’aide des travailleurs sociaux de terrain, de l’Observatoire wallon du sans-abrisme et l’équipe de l’UCLouvain (CIRTES), il permettra d’obtenir, en mars 2026, une photographie précise de la situation.

Car les chiffres sociaux à Liège sont déjà alarmants : 11 500 personnes sont aidées par le CPAS, et ce nombre devrait fortement grimper. Avec l’arrivée prévue de 8 000 personnes exclues du chômage, le CPAS estime que 4 000 à 5 000 personnes supplémentaires frapperont à sa porte. Face à cette pression, des campagnes de recrutement sont en cours pour engager une cinquantaine d’assistants sociaux.
 

Se loger : un droit, pas un luxe

La crise du logement s’aggrave aussi : 3 045 personnes sont en attente d’un logement social à Liège-ville, pendant que les loyers explosent. Et alors que les besoins sociaux augmentent, les moyens, eux, diminuent. La Région wallonne a réduit les budgets pour l’aide sociale et le secteur associatif, et la Ville de Liège, placée sous plan de gestion, a annoncé des coupes de 15 % dans les subsides en 2025, et 20 % en 2026 pour l’ensemble des associations.
 

La dignité plutôt que la charité

En ce 17 octobre, on ne demande pas la charité. On exige des droits. On exige des choix politiques en faveur de la justice sociale. Certes, le dénombrement de ce vendredi est une étape importante. Mais il ne servira à rien s’il ne s’accompagne pas de moyens, de logements, de places d’accueil, de politiques humaines et dignes.

À Liège comme ailleurs, la précarité n’attend pas.

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