Construire davantage de logements sociaux est souvent présenté comme la solution évidente pour lutter contre le sans-abrisme. Pourtant, cette approche, bien qu’importante, ne suffit pas à elle seule à résoudre le problème des personnes vivant à la rue.
Un retard accumulé et des listes d’attente interminables
Depuis une trentaine d’années, le logement social a été largement négligé en Europe, entraînant une situation critique marquée par des listes d’attente interminables. Bien que l’idée de construire plus de logements sociaux soit nécessaire, cela ne garantit pas que les personnes sans-abri y trouvent une solution. Actuellement, il n’existe pas de quotas spécifiques ni de priorités clairement définies pour les personnes vivant à la rue lors de l’attribution de ces logements. En conséquence, même si le parc de logements sociaux s’élargit, il risque de profiter principalement à des publics déjà insérés dans les circuits administratifs, laissant de côté les plus vulnérables.
La nécessité de logements réservés
Ce qu’il faut, ce ne sont pas uniquement plus de logements sociaux, mais des logements spécifiquement réservés aux personnes sortant directement de la rue. Des approches innovantes comme le programme Housing First montrent qu’il est possible d’offrir des solutions durables. Cependant, pour maximiser leur efficacité, ces programmes doivent être associés à des logements sociaux dédiés, inscrits dans une logique de discrimination positive. Cette approche vise à créer des circuits d’accès prioritaires, permettant aux personnes les plus précaires de ne pas rester bloquées par des critères d’attribution trop rigides ou des délais d’attente incompatibles avec l’urgence de leur situation. Sans ce type de politique ciblée, les personnes vivant à la rue continueront d’y rester, car elles ne parviennent pas à franchir les étapes administratives et sociales nécessaires pour accéder à un logement.

L’exemple des Pays-Bas : un taux de logements sociaux élevé, mais un sans-abrisme persistant
L’idée que la construction massive de logements sociaux suffirait à réduire le sans-abrisme est contredite par l’exemple de certains pays. Aux Pays-Bas, par exemple, malgré un taux de logements sociaux parmi les plus élevés d’Europe, le nombre de personnes sans-abri a augmenté ces dernières années. Cela s’explique par le fait que l’accès à ces logements reste conditionné à des critères administratifs et sociaux que les personnes en situation d’extrême précarité peinent à remplir. Ainsi, sans mesures spécifiques visant à intégrer activement les personnes sans-abri dans ces dispositifs, la simple augmentation de l’offre de logements sociaux ne suffit pas à répondre à leurs besoins.
Vers une politique d’intégration plus ambitieuse
La question centrale n’est donc pas uniquement de construire plus de logements sociaux, mais de savoir si une politique spécifique peut être mise en place pour intégrer les personnes sans-abri dans ces logements. Aujourd’hui, même si le fait de vivre à la rue est parfois considéré comme un critère d’attribution, il n’est pas suffisamment pris en compte pour répondre aux besoins de ce public vulnérable. Pour que les logements sociaux deviennent une véritable solution au sans-abrisme, il est essentiel de développer une stratégie plus ambitieuse, fondée sur des politiques ciblées, des dispositifs d’accompagnement adaptés et une volonté politique forte. Seule une approche globale et inclusive permettra de transformer l’accès au logement en un véritable levier de lutte contre le sans-abrisme.
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