Lorsqu'une personne sans-abri refuse de l'aide, ce n'est pas un rejet. Comme le dit Pierre Ryckmans, médecin coordinateur de notre équipe : « Ce n’est pas un rejet de la main tendue, mais une réaction face à des expériences difficiles ou des solutions inadaptées. »
 

Une incompréhension fréquente

Lorsqu’une personne sans-abri refuse une aide proposée, cela peut être perçu comme un manque de volonté de sortir de la rue. En réalité, ce refus cache souvent des raisons bien plus complexes. Par exemple, certains bénéficiaires mentionnent des problèmes récurrents dans certains lieux d’accueil, comme le Samusocial : vols, violences, infestations de puces ou de poux, ou encore promiscuité avec des personnes en état d’ébriété. Ces conditions de vie difficiles expliquent pourquoi beaucoup choisissent de rester dehors plutôt que de s’exposer à de telles situations. 

Ces témoignages soulignent un point essentiel : l’environnement d’accueil doit être à la hauteur des besoins et des attentes des personnes sans-abri. Une solution comme une chambre d’hôtel avec salle de bain privée, bien que coûteuse, pourrait radicalement changer la donne. Elle offrirait un espace où ces personnes pourraient se sentir en sécurité et qui respecterait leur dignité, deux éléments cruciaux pour favoriser une réintégration durable.

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Une personne sans-abri explique quelque chose à une Infirmière. Il est assis à côté des vélos de la Ville de Bruxelles.

Au-delà des conditions d’accueil, de nombreuses personnes sans-abri ne demandent pas spontanément de l’aide, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, une méfiance envers les services sociaux s’est souvent installée. Cette méfiance est nourrie par des expériences négatives, comme des promesses non tenues ou un sentiment d’incompréhension. Par ailleurs, beaucoup craignent d’être jugées, ce qui les pousse à refuser un accompagnement.

 

De plus, une certaine fierté ou un désir d’autonomie peut les amener à vouloir se débrouiller seules. La rue impose un mode de vie extrêmement dur, mais elle devient parfois un espace où elles développent une forme de contrôle sur leur quotidien, même dans des conditions précaires. Accepter de l’aide peut être perçu comme une atteinte à cette autonomie. Enfin, les personnes qui vivent en rue depuis longtemps se sont adaptées à cet environnement particulier. Leur mode de vie, bien qu’extrême pour beaucoup, leur offre une stabilité qu’elles craignent de perdre en bouleversant leurs habitudes.

L’impact des conditions climatiques sur les personnes sans-abri

L’hiver : une menace bien connue, mais toujours d’actualité

L’hiver est souvent perçu comme la période la plus dangereuse pour les personnes sans-abri, et à juste titre. Les températures glaciales peuvent provoquer des engelures, des hypothermies et, dans les cas les plus extrêmes, la mort. Heureusement, les plans hiver mis en place chaque année par les communes permettent de limiter considérablement les décès liés au froid. Ces dispositifs, bien qu’imparfaits, sauvent des vies et restent essentiels. Il faut rappeler que si ces plans venaient à disparaître, la mortalité hivernale augmenterait inévitablement.

Image rapprochée de mains posées sur les jambes en mode réflexion

La chaleur : un nouveau défi

Avec le réchauffement climatique, la chaleur devient un problème tout aussi préoccupant. Les vagues de chaleur, de plus en plus fréquentes et intenses, peuvent s’avérer mortelles, même pour des personnes logées. Dans une habitation mal isolée, sans ventilation ni climatisation, les températures élevées peuvent être encore plus dangereuses que le froid.

Pour les personnes sans-abri, la chaleur pose également d’autres défis : trouver de l’eau potable, un abri à l’ombre ou un endroit frais devient une lutte quotidienne. Là encore, les décès liés à la chaleur, bien qu’encore peu documentés, augmentent chaque année. Cela montre que les risques climatiques ne se limitent pas à une saison, mais nécessitent une réponse adaptée tout au long de l’année.

Les idées reçues sur les personnes sans-abri, telles que “elles refusent systématiquement l'aide" ou qu'elles ne sont exposées qu’aux risques de l’hiver, viennent souvent d’une méconnaissance de leur réalité. Ces stéréotypes simplifient des problématiques profondément complexes et empêchent parfois une mobilisation adéquate.

Comment agir ?

Pour déconstruire ces clichés, il est essentiel de sensibiliser le public sur les vraies raisons des refus d’aide et sur les dangers liés aux conditions climatiques. Par ailleurs, offrir des solutions dignes, comme des lieux d’accueil adaptés ou des alternatives telles que les chambres d’hôtel, est une priorité pour garantir un minimum de sécurité et de confort. De plus, les dispositifs de soutien doivent être renforcés et repensés pour répondre aux risques climatiques, qu’il s’agisse du froid hivernal ou des vagues de chaleur estivales. Enfin, il est crucial d’adopter une approche individualisée qui tienne compte des besoins, des vécus et des mécanismes d’adaptation propres à chaque personne.

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Mettons fin au clichés !

La problématique du sans-abrisme est trop souvent peu connue et repose généralement sur des contre-vérités. Et si nous déconstruisons ces clichés ?

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