Nous suivons Madame G.* depuis bientôt 3 ans.

Le lien s'est créé petit à petit, avec des hauts et des bas, des bons et des moins bons moments. Madame est sans-papiers en Belgique. Les solutions pour la mettre à l'abri et prendre soin d'elle sont donc restreintes.

Elle parle parfois du fait de rentrer chez elle. Après de longues recherches sur sa situation administrative, notamment en France, nous comprenons qu'elle n'aura pas beaucoup plus de possibilités là-bas.

Nous lui proposons alors un appartement, avec un projet d'occupation temporaire où elle n'aura pas de loyer à payer.

Madame gardera ce logement durant un an, mais l'occupera finalement très peu. Il y a eu énormément de défis, dont certains auxquels non n'avions pas pensé. Des questions se sont posées sur le fait que c'était une opportunité pour Madame d'avoir accès à cet appartement gratuitement, mais à côté de ça, ça a été très compliqué pour elle d'investir son appartement, sans revenu, et avec ses problèmes de santé mentale qui se sont révélés différents qu'en rue.

Pour finir, ce projet a dû prendre fin, et c'est notre patiente qui en a fait le choix.

Après plusieurs mois où nous avons tenté de l'accompagner dans d'autres projets, par très petits pas, nous l'avons vue se dégrader au fur et à mesure. Plus qu'auparavant. Il était de plus en plus compliqué de la mobiliser pour se rendre à des rendez-vous ou même juste pour aller prendre un café au chaud. Nous avons longuement discuté en équipe et avec le réseau de ce qui était possible pour la suite, nous avons testé certaines choses, mais sa situation continuait à nous inquiéter.

Après de longs mois de réflexion, nous avons décidé de tenter une mise en observation non urgente. Ce n'est jamais quelque chose que nous décidons à la légère : il y a des critères à respecter et surtout, cela peut être un choc pour le/la patient·e. Nous en avons parlé de manière très transparente à Madame, en lui expliquant que nous allions entamer cette démarche, que des personnes allaient venir la voir pour donner leur avis sur la situation.

Tout s'est déroulé de manière très sereine et Madame restera hospitalisée quelques semaines, le temps de pouvoir faire un point sur sa situation au niveau de sa santé physique et mentale, et surtout se reposer.

De notre côté, la réflexion se poursuit pour envisager la suite, malgré le peu d'opportunités qui s'offrent à nous...

 

Témoignage de Margaux, travailleuse sociale en rue

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(*) Nous mettons tout en œuvre pour respecter la vie privée de nos patient·es et notre secret professionnel. Nous voulons néanmoins témoigner de la façon dont ils doivent survivre et de la manière dont nous travaillons ensemble à leur réinsertion. Par conséquent, le nom des lieux et des personnes sont volontairement omis ou modifiés et des situations vécues sont placées dans un autre contexte. Il n’y a pas de lien direct entre les photos et les histoires ci-dessus.