Les moments de bien-être avec les patient·es, qu’ils et elles soient en rue ou en logement, passent souvent par des gestes simples : s’asseoir, boire un café, partager un repas. Ces instants, en apparence anodins, sont en réalité fondamentaux. Ils tissent des liens, ouvrent des espaces de parole et permettent parfois de découvrir les patient·es sous un nouveau jour. Ce sont dans ces parenthèses de quotidien que certain·es trouvent la confiance nécessaire pour se dévoiler, partager un bout de leur histoire personnelle.
Ce vécu, Gaëlle, infirmière, le traduit avec justesse à travers ce témoignage personnel :
« La question du sens au travail me touche tout particulièrement et m'a beaucoup bousculée ces dernières années.
Pendant une période où je ne travaillais pas, j’ai eu un déclic en marchant dans la rue : au fond, notre travail, c’est exactement ça, "aller boire un café avec nos suivis". Les chiffres comptent, bien sûr, mais ils ne disent pas tout. Vu de l'extérieur, cela peut sembler anecdotique, voire insuffisant si l'on se focalise uniquement sur le quantitatif.
Et pourtant, c'est bien là l'essentiel : remettre l'humain au cœur de notre mission. Accompagner les gens, répondre à leurs besoins réels, c'est avant tout une question de lien et de relations sociales. Car notre société souffre, notamment de l’isolement, et disposer de ressources sociales constitue un véritable filet de sécurité. Alors oui, boire un café avec quelqu’un, c’est essentiel.
En retrouvant récemment le réseau, j’ai réalisé la chance que nous avons, avec le Housing First, d’évoluer dans un cadre suffisamment souple pour nous permettre de faire cela. C’est une liberté que beaucoup nous envient.
Il est donc primordial de continuer à se battre pour préserver cet espace, car rien n’est jamais acquis. »
Témoignage de Gaëlle, infirmière