Notre patiente, Madame J., a emménagé il y a quelques mois dans son appartement. Elle s’est battue comme une lionne pour sortir de la rue, après y avoir vécu pendant près de huit ans.
Elle nous a été signalée en 2022, par nos collègues de l'asbl Transit, alors qu’elle dormait dans une station de métro. Ensuite, tout s'est enchaîné assez vite : après quelques semaines passées à l’hôtel, où elle tentait de se mettre à l’abri de violences dont elle était victime en rue, elle est entrée en cure.
À sa sortie d'hôpital, elle intégrait son logement.
Depuis, elle nous y accueille chaque semaine, en mettant un point d’honneur à ce qu’il soit propre et rangé lors de notre venue. Elle cuisine régulièrement, et nous propose toujours un thé ou un café lorsque nous passons la voir.
Si son entrée en logement a été source de beaucoup de stress, avec notamment l’arrivée des premières factures, Madame vient progressivement à bout de tous ces paiements et gère avec précaution son budget serré.
Elle tente, aujourd’hui, de mieux gérer sa consommation d’alcool. Sa docteure lui a dit, en toute franchise : « vous revenez de loin, Madame, ça fait plaisir de vous voir ainsi ».
Elle se sent bien dans son logement, mais son combat n’est pas terminé.
En effet, elle lutte aujourd'hui pour faire valoir ses droits, face système institutionnel qui peine à reconnaître les violences faites aux femmes, et à les protéger.
Malgré son parcours, Madame J. semble peu consciente de sa force et de sa valeur : elle manque énormément de confiance en elle, et les rencontres avec elle sont empreintes d’émotions, mais aussi de rires.
Elle rêve de se stabiliser dans son logement afin de récupérer la garde de sa fille, à laquelle elle écrit régulièrement. Elle rêve également de retourner danser en boîte de nuit.
Elle adore d’ailleurs écouter de la musique, et chante à tue-tête avec nous dans les transports en commun.
Ces rêves, nous sommes convaincu·es qu'elle pourra les réaliser bientôt, car c'est une force de la nature. Et nous serons toujours là pour l'aider à les atteindre.
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(*) Nous mettons tout en œuvre pour respecter la vie privée de nos patient·es et notre secret professionnel. Nous voulons néanmoins témoigner de la façon dont ils·elles doivent survivre et de la manière dont nous travaillons ensemble à leur réinsertion. Par conséquent, le nom des lieux et des personnes sont volontairement omis ou modifiés et des situations vécues sont placées dans un autre contexte. Il n’y a pas de lien direct entre les photos et les histoires ci-dessus.