Une promesse européenne ambitieuse
Une société solide se bâtit avec l’ensemble des citoyen·ne·s. Quand certain·e·s dorment dehors, c’est que les plans sont à revoir. Avec la Déclaration de Lisbonne, l’Union européenne a promis de construire des fondations pour que tout le monde puisse accéder à un logement digne.
En juin 2021, lors de la présidence portugaise du Conseil de l’Union européenne, de nombreux pays ont signé la Déclaration de Lisbonne, s’engageant, à travers cinq grandes priorités, à mettre fin au sans-abrisme d’ici 2030 à travers l’Europe.
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Une réalité qui contredit les engagements
Pourtant, le constat est sans appel : le sans-abrisme ne cesse d’augmenter en Europe. Près de 1,3 million de personnes n’ont pas de logement aujourd’hui. En France ou en Allemagne, ce nombre a même doublé ces dernières années.
De Bruxelles à Varsovie, en passant par Barcelone ou Dublin, plus aucune capitale n’est épargnée. Cette crise s’explique par une pénurie de logements, l’explosion des loyers, des règles sociales de plus en plus strictes, l’impact du COVID et l’incapacité politique à gérer les flux migratoires.
La preuve que des solutions fonctionnent
À l’inverse, les pays nordiques montrent qu’il est possible d’agir efficacement. La Finlande, en particulier, a drastiquement réduit le sans-abrisme grâce à l’approche Housing First : fournir un logement stable dès le départ, avec un accompagnement adapté. Ce modèle fonctionne lorsque les pouvoirs publics le soutiennent pleinement.
Mais ailleurs en Europe, il est parfois remis en question : en Hongrie, ces politiques ne sont plus soutenues par l’État. La montée de l’extrême droite rend le travail des associations plus difficile et fragilise les droits des personnes vulnérables. Plus que jamais, les valeurs de solidarité et d’entraide doivent être défendues.
La Belgique face à ses responsabilités
La sortie du sans-abrisme est possible, mais elle dépend de choix politiques. En Belgique, atteindre 2030 sera un défi : près de 50 000 personnes sont sans logement, il faudrait reloger durablement 30 personnes chaque jour dès aujourd’hui.
En juin 2024, la Belgique votait : cela fait un an que des politiques sociales et de logement peuvent être mises en place. Côté francophone, tous les partis se sont engagés pour le Housing First dans leur programme et la déclaration de politique régionale de Wallonie. Pourtant, les moyens pour les associations et le logement public diminuent. À Bruxelles, l’absence de gouvernement retarde le Fonds du logement – aucune nouvelle demande de crédit hypothécaire ne peut être acceptée faute de garanties.
Agissez maintenant pour le droit au logement
Le logement public, clé de la solution
C’est grâce au logement public que nous pourrons reloger durablement. Le marché privé est de moins en moins accessible ; les loyers explosent, excluant de nombreux ménages.
Récemment, à Dublin, le festival international du logement social a montré clairement : pour mettre fin au sans-abrisme, il faut davantage de logements publics.
Des initiatives locales qui montrent la voie
À Bruxelles, en collaboration avec le secteur associatif, un quota de logements sociaux réservés aux personnes sans-abri a été instauré, permettant de renforcer le Housing First. Nous travaillons aujourd’hui à étendre ce modèle en Wallonie. Ce type d’initiative doit se développer partout.
Un Masterplan pour mettre fin au sans-abrisme, élaboré par le secteur associatif, attend une volonté politique pour sa mise en œuvre. Il est urgent de rénover et construire plus de logements publics pour répondre aux besoins.
Une dynamique européenne à renforcer
En mars 2024, les ministres du Logement européens se sont réunis à Liège et ont signé la Déclaration de Liège en faveur d’un logement abordable, décent et durable. Depuis, l’UE s’est dotée d’un premier commissaire au Logement, Dan Jørgensen, chargé de lancer un plan pour le logement abordable et de soutenir la construction à l’échelle européenne.
Dernièrement, l’Alliance européenne des Maires pour le logement a demandé la création d’un fonds de 300 milliards d’euros. Les maires de Gand, Paris, Lisbonne ou Varsovie rappellent que la crise du logement est une urgence sociale et politique.
La solidarité plutôt que l’indifférence
La Déclaration de Lisbonne est une promesse forte : mettre fin au sans-abrisme. Pour la tenir, il faut des actes concrets, dès maintenant. Partout en Europe, plus d’un million de personnes vivent à la rue ou dans des conditions indignes. Les solutions existent ; il faut l’ambition politique pour les mettre en œuvre. Il s’agit de choisir la solidarité plutôt que l’indifférence, et de garantir enfin le droit au logement pour toutes et tous.