Ce dimanche, la Belgique célèbre la fête des mères. En juin, ce sera celle des pères. Ces moments, synonymes de chaleur et de retrouvailles en famille, rappellent aussi une dure réalité : celle de milliers d'enfants et de jeunes privés d’un foyer.
Plus de 13 000 enfants sans logement stable en Belgique
En 2024, 13 182 mineurs sont sans-abri ou vivent sans logement stable en Belgique. Cela représente près d’un tiers de la population sans-abri dans le pays. Ces enfants et adolescents vivent dans des hébergements d’urgence, des maisons d’accueil, ou chez des proches. D’autres sont sous la menace d’une expulsion avec leur(s) parent(s).
Derrière ces chiffres se cache une réalité souvent invisible : celle de l’errance, de l’incertitude, de l’absence de sécurité élémentaire. Une réalité qui ne cesse de s’aggraver dans un contexte de crise du logement et de précarisation croissante des familles.
Les jeunes adultes, les oublié·es des politiques de logement
La situation des jeunes majeur·es sans-abri (18-25 ans) est tout aussi préoccupante. Près d'un·e jeune sans-abri sur cinq appartient à cette tranche d'âge. Près d’un quart d'entre elleux est passé·e par une institution d’aide à la jeunesse.
Un constat qui suggère un lien entre les parcours institutionnels et le sans-abrisme. De nombreux·euses jeunes sont accompagné·es jusqu'à leur 18 ans pour être ensuite laissé·es à elleux-mêmes.
Des jeunes qui sont souvent oubliés par les politiques publiques. Pourtant, les ruptures institutionnelles et familiales, mal accompagnées, peuvent mener à l’exclusion, à de grands risques de paupérisation, l’absence de suivi psychosocial.
N'oublions pas non plus la grande part de mineurs étranger·es non accompagné·es et adultes sans papiers.
Un risque d’exclusion
La transition vers l’autonomie est un moment critique. Beaucoup d’entre elleux finissent sans soutien adéquat, ielles font alors face au marché du logement impitoyable, aux démarches administratives compliquées, aux manquements des services de santé. Cette rupture dans leur parcours contribue à leur vulnérabilité.
Aujourd'hui, près d’un quart des bénéficiaires du revenu d’intégration sociale du CPAS ont moins de 25 ans. Les mesures gouvernementales récentes pourraient accroître ce chiffre, aggravant encore la précarisation des jeunes.
Qui sont les jeunes sans-abri ?
Les causes du sans-abrisme chez les jeunes sont multiples :
- Structurelles : crise du logement, pauvreté, migration
- Institutionelles : sortie d'aide à la jeunesse, absence de relais
- Personnelles : origine, genre, santé mentale
La perte des liens familiaux est souvent la porte d’entrée vers le sans chez-soirisme.
Que faire ? Agir pour les jeunes sans-abri
Il est urgent de :
- Mettre en place des parcours d'accompagnement vers l'autonomie
- Créer des logements accompagnés pour jeunes sortants d'institution
- Renforcer les liens entre aide à la jeunesse, santé mentale et services d'hébergement
- Former les structures d'accueil à l'accompagnement spécifique des jeunes
Et surtout : rendre visible la réalité des jeunes sans-abri, en valorisant leur parole dans le débat public. Car les rendre visibles, c'est créer du changement.
En cette fête des mères, pensons à celleux qui n'ont pas de toit
Ces jours de fête nous rappellent que tous les jeunes n’ont pas de foyer. Tous les enfants n’ont pas un toit pour dormir ou rêver d’un avenir.
En cette période de célébration familiale, pensons à celles et ceux que la fête oublie. Luttons ensemble pour que plus aucun enfant, plus aucun jeune, ne soit privé d’un chez-soi, d’un soutien, d’une chance.