Nous y sommes : le 21 décembre, premier jour de l’hiver. Il fait froid, des personnes dorment toujours en rue. Et chaque hiver, c’est la même histoire : l’heure est venue pour la politique du thermomètre.
La Wallonie a activé son plan grand froid, allant de novembre à fin mars, sans pour autant résoudre la problématique du sans-abrisme et laissant des personnes dormir encore en rue. A Bruxelles, on surveille le thermomètre pour lancer des services qui risquent quand même la saturation. Ces plans ne permettent que des mesures temporaires. On pourrait croire que la misère est moins pire au soleil.
Une situation qui ne cesse de s’aggraver
Nous devons sortir de ces politiques à court terme et nous engager dans des solutions pérennes. Alors que la Belgique a rejoint la Déclaration de Lisbonne qui prévoit la sortie du sans-abrisme d’ici 2030, le nombre de personnes mal logées et en rue ne cesse d’exploser. Le sans-abrisme est loin d’être un problème isolé et temporaire. Dernièrement, un commissaire européen au Logement a été nommé pour la première fois dans l’histoire de la Commission tant la problématique est alarmante partout en Europe. Il prévoit d'établir un plan pour le logement abordable en Europe, mais il faut agir vite et efficacement. C’est un fléau en pleine expansion.
Le dernier dénombrement à Bruxelles annonce la couleur : Bruss’Help estime à 10 000 le nombre de personnes sans abri et mal logées dans la capitale. Une estimation vertigineuse qui représenterait une augmentation de 40 % par rapport à 2020 où 7134 personnes avaient été dénombrées.
En outre, l'inquiétude est grande sur cette augmentation quand on sait que la précarisation de la population suit la même croissance. Actuellement, près de 30% des Bruxellois vivent sous le seuil de pauvreté, alors même que le prix des loyers explose, que les logements publics manquent. Ce sont des milliers de personnes et de familles qui ne peuvent plus accéder à des logements décents. Ces chiffres doivent alerter, une prise de conscience globale est nécessaire.
La situation est alarmante alors que les solutions de relogement et d’accompagnement proposées par les politiques de Housing First font leurs preuves, comme le montrent les plus de 2200 personnes relogées en Belgique. Le manque de logements et de soutien des pouvoirs publics peuvent mettre à mal ces projets. Les solutions que permettent le housing first ne peuvent être réduites à néant.
Des investissements consentis dans le court terme,
des solutions long terme insuffisantes
Des efforts ont été réalisés durant la dernière législature notamment avec le renforcement de l’hébergement d’urgence, la mise en place d’un moratoire hivernal pour les expulsions domiciliaires, le renforcement des dispositifs d’accompagnement comme le Housing First, etc. Toutefois, ces efforts restent insuffisants pour endiguer le problème, notamment à cause du manque de solutions structurelles de sorties de rue.
Il faut sortir des politiques court-termistes. Il faut cesser de croire que les solutions d’urgence vont stopper le sans-abrisme, surtout avec la précarité gagnant du terrain chaque jour. Ces solutions ne sont même pas suffisantes face à la réalité du terrain.
C’est toute l’année que nous devons nous réveiller afin de sortir durablement les personnes de la rue. Pour qu’à toute saison, tout le monde puisse avoir un chez-soi. La solution se trouve dans un plan global prévoyant du logement, de l’accompagnement à long terme, des mesures de prévention et complété par des mesures d’urgence. C’est l'accès au logement abordable qui doit être revu et facilité.
Il est temps de concrétiser les engagements européens
et régionaux via un plan concret et ambitieux
Nous demandons au prochain gouvernement d’agir concrètement en adoptant un plan de prévention et de lutte contre le sans-abrisme qui soit axé sur le long terme et les solutions pérennes. Afin de permettre un accompagnement renforcé, qu’il soit psychologique, social ou encore administratif, pour sortir durablement les personnes de la rue et de la précarité. Le Gouvernement bruxellois doit aussi garantir l’accès à des logements abordables via le soutien, le financement et la création de logements publics tout en agissant sur le logement en général via la lutte contre les logements vides et la régulation des loyers notamment.
L’hiver et ses nuits froides ne révèlent qu’un problème qui se joue tout au long de l’année pour lequel nous devons agir à chaque saison. Afin d’en finir avec le sans-abrisme à l’horizon de 2030, il est temps de soigner la plaie béante et d’en finir avec la politique “des sparadraps”.
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