Toutefois, en 2022, on comptait 7134 personnes sans-abri et mal-logées en Région bruxelloise, soit une augmentation de 19% depuis 2020 notamment due à la succession de crises (sanitaire, socio-économique, migratoire, du logement, etc.). Bruss’help estime même, suite au dernier dénombrement en novembre 2024, que ce nombre va dépasser les 10 000 personnes. Comment est-ce possible ?

Un article basé sur le témoignage de Wanda Duhamel, responsable locative chez Infirmiers de rue.

Le droit de se sentir en sécurité, dans un logement décent

« Le fait de pouvoir vous dire
“Je suis chez moi”,
vous ne pouvez pas savoir
le bien que ça fait. »
- Luc, patient relogé par Infirmiers de rue


 

Luc, dans son témoignage, nous parlait de son sentiment de sécurité depuis sa réinsertion en logement. Le droit à la sûreté est inscrit à l’article 3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et le logement en est un élément important. Et le droit à un logement décent se trouve à l’article 23 de la Constitution belge.

Alors pourquoi de plus en plus de personnes dorment-elles en rue ? Quels sont les obstacles à la jouissance de ces droits inaliénables ?

Le sans-abrisme est le résultat d’une combinaison de facteurs tant structurels (difficulté d’accès à un logement abordable, migration accrue, paupérisation et la population, etc.), institutionnels (accès « haut seuil », risques pour les publics sortant d’institution, etc.) et individuels (rupture relationnelle, violences conjugales, etc.).

Aujourd’hui, si les ces facteurs se multiplient et se complexifient, la question de l’accès à un logement abordable est centrale pour agir préventivement ainsi que répondre à la problématique du sans-abrisme.

Le choix du logement est crucial pour la réinsertion durable des personnes sans-abri

Les logements sociaux sont souvent ceux qui n’intéressent pas le marché privé ; ils se situent dans des quartiers ghettoïsés, qui manquent d’espaces verts.

Si un logement social ne vous convient pas, vous pouvez le refuser, mais vous perdez votre place dans la liste d’attente. Ce qui, vu le manque de logements accessibles à Bruxelles, n’est pas toujours une option.

Pourtant, le choix du contexte de vie a toute son importance… Je défie quiconque de vivre sereinement dans les tours du Peterbos, où il n’y a pas d’isolation acoustique ni thermique et où le trafic de drogue est connu jusqu’à Marseille !

En novembre 2024, plus de 60 000 ménages étaient en attente d’un logement social à Bruxelles. Une demande toujours plus forte qui ne reflète même pas les besoins étant donné qu’on estime que 50 % des ménages bruxellois sont dans les conditions de revenus pour prétendre à un logement social.

Les agences immobilières sociales sont une alternative

Pour pallier le manque criant de logements sociaux à Bruxelles, nous travaillons principalement avec des Agences immobilières sociales (AIS), qui sont en lien avec le marché privé.

En effet, les AIS gèrent des logements proposés par des propriétaires. Des multipropriétaires, qui font le choix de leur lieu de vie et de laisser l’autre dans la gestion sociale. Ou de grosses sociétés, qui investissent dans des logements, contre des avantages fiscaux notamment.

Mais dans une AIS, le loyer n’est pas calculé sur base des revenus de la personne, contrairement aux logements sociaux. Pour un revenu de 1 288 € (montant du revenu d’intégration social pour une personne isolée), le loyer en logement social sera d’environ 260 € hors charges ; en AIS, il peut atteindre 500 €, soit presque 40% de leur revenu.

Logement : les personnes sans-papiers en galère

Soulignons dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, la liberté de circulation (article 13), le droit à l’asile (article 14) et le droit à un niveau de vie suffisant, y compris logement (article 25). Sans oublier son article 1er : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ».

Mais en Belgique, si vous n’avez pas de papier, ni de revenu, vous n’avez pas accès à un logement… En tout cas, pas à un logement stable, légal, protégé, et encadré. Ces personnes sont alors prises au piège sur le marché privé et ses dérives tels que les logements insalubres, les logements surpeuplés, les marchands de sommeil, etc.

Ou bien, ces personnes sans-abri et sans-papier, dont les procédures d’asile et de régularisation sont sans espoir, finissent alors par s’ajouter à la (déjà bien trop longue) liste des décès en rue.

Slogan HAD : Housing for people, not for profit!

Rejoignez-nous au Housing Action Day 2025

Pour mettre fin au sans-abrisme, il faut des logements accessibles à tous·tes ! Rejoignez-nous ce dimanche 26 mars pour revendiquer, avec le mouvement Housing Action Day :

  • Une baisse des loyers immédiate
  • La fin des expulsions et la régularisation pour tous·tes
  • Plus de logements sociaux et d’alternatives au marché privé

Mobilisez-vous, avec nous, pour exiger des logements accessibles !