Chez Infirmiers de rue, le travail d'accompagnement va bien au-delà du fait d’aider les personnes sans-abri à quitter la rue. Une fois relogées, les difficultés rencontrées par nos bénéficiaires demeurent multiples et souvent bien plus complexes que ce que l'on pourrait imaginer. Pierre Ryckmans, médecin coordinateur de notre équipe, nous éclaire sur cette réalité : « Contrairement à ce que beaucoup imaginent, le travail d’accompagnement en rue n’est pas toujours ce qu’il y a de plus difficile dans notre mission à Infirmiers de rue. Le véritable défi, c’est l’accompagnement en logement. »
 

Un défi de taille

Les deux premières années après l’installation en logement sont souvent les plus complexes, aussi bien pour les personnes que nous accompagnons que pour les équipes. En rue, l'interaction peut parfois s'avérer plus simple à gérer : si une personne refuse une démarche, il est possible de revenir la semaine suivante, et même dans les situations difficiles, on peut prendre du recul et essayer à nouveau. Mais une fois relogée, le cadre change, et les bénéficiaires doivent faire face à des responsabilités nouvelles qui pèsent lourdement sur leurs épaules : payer leur loyer, respecter les règles imposées par leur propriétaire, se rendre au CPAS, ou encore gérer leurs relations avec les voisins. Cette pression représente un défi majeur, tant pour les bénéficiaires que pour l'équipe d'Infirmiers de rue, qui doit les accompagner tout au long de ce processus.

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L'isolement et la perte de contacts sociaux

Un autre obstacle important est l'isolement. En rue, la vie est plus spontanée et les interactions sociales sont fréquentes. Mais une fois dans un logement, cet isolement peut rapidement s'intensifier. Les personnes se retrouvent seules, sans la possibilité de rencontrer d'autres personnes comme elles pouvaient le faire dans la rue, ce qui complique le suivi et l'accompagnement. De plus, certains comportements, tels que l'agressivité ou la consommation de substances, qui étaient tolérés dans la rue, peuvent poser de graves problèmes dans un environnement fermé. En effet, les risques deviennent plus importants, et les tiers ont plus de difficultés à intervenir.

Un risque sanitaire accru au début du logement

Paradoxalement, bien que le logement offre une stabilité nouvelle, il peut aussi devenir dangereux, notamment pour celles et ceux qui consomment des substances. Sans surveillance extérieure, ces personnes peuvent stocker des substances et augmenter leur consommation, ce qui n'était pas aussi facile en rue où tout comportement inhabituel attirait l'attention. Le risque de malaise ou de perte de conscience peut passer inaperçu en logement, augmentant les dangers pour la santé, même si ce risque diminue progressivement à mesure que la situation se stabilise.
 

Le rôle clé de l'accompagnement en logement

Au final, l’accompagnement en logement est un processus exigeant, mais essentiel pour permettre aux personnes de se réinsérer durablement dans la société. Comme le souligne Pierre Ryckmans :

« Notre rôle ne s’arrête pas à les sortir de la rue, il consiste surtout à faire en sorte qu’elles puissent rester en logement, en sécurité et en autonomie. »

Nous accompagnons chaque personne pour l'aider à retrouver un équilibre, à respecter les normes sociales et à construire un avenir stable.

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Mettons fin aux clichés !

La problématique du sans-abrisme est trop souvent peu connue et repose généralement sur des contre-vérités. Et si nous déconstruisons ces clichés ?

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