Le sans-abrisme ne cesse d’augmenter partout en Europe avec près de 1,2 million de personnes sans chez elles. Pourtant, une politique a fait ses preuves dans de nombreux pays : le Housing First. C’est aux États-Unis, à New York, que les premiers projets ont vu le jour dans les années 90.
 

Le principe du Housing First

Le Housing First, c’est le “logement d’abord”. En Belgique, il s’agit de reloger en priorité les personnes sans-abri, même celles les plus éloignées du logement. L’accès est inconditionnel et constitue la première étape. L’accompagnement social, lui, vient ensuite pour permettre une stabilisation durable.

Le logement devient ainsi un pilier de réinsertion : pouvoir se reposer, cuisiner, se soigner, créer du lien social…
 

Une expérimentation belge prometteuse

En Belgique, l’expérimentation Housing First Belgium a démarré en 2013 dans plusieurs grandes villes. Les résultats sont encourageants : en moyenne, 90 % des personnes relogées restent en logement après deux ans. Le dispositif est efficace et peu coûteux, comparé aux coûts engendrés par la vie dans la rue.
 

patient dans son logement à liège

Un défi majeur : l’accès au logement

Malgré cette réussite, un obstacle persiste : l’accès même au logement. Les loyers grimpent, les logements abordables se raréfient, et les discriminations locatives perdurent. En Wallonie comme à Bruxelles, ces freins menacent l’efficacité du modèle Housing First.

Le rôle clé du logement social

Le logement social est essentiel pour reloger un public souvent sous revenu d'intégration. Pourtant, les délais d'attente sont longs, ce qui fragilise le travail des associations comme Infirmiers de rue.
 

Vers des quotas de logements publics

À Bruxelles, une avancée importante a été obtenue : 6 % des logements publics seront réservés aux personnes sans-abri d’ici 2027. En Wallonie, cette logique reste facultative. En 2025, seuls 61 logements ont été alloués, faute de quota obligatoire. Un objectif clair est nécessaire pour garantir une continuité dans l’action sociale.
 

L’habitat modulaire : une piste à explorer

Des solutions innovantes existent, comme l’habitat modulaire : rapide à construire, peu coûteux, avec des loyers bas. Mais les projets peinent à voir le jour, souvent à cause de freins administratifs ou du manque de terrains.

À Liège, un projet dans le cadre du “Territoire Zéro Sans-Abrisme” n’a pas vu le jour faute de terrain. À Verviers, une initiative similaire est également bloquée.

Agir concrètement pour l'accès au logement

 

La loi Onkelinx : un outil oublié

Depuis plus de 30 ans, la loi Onkelinx autorise la réquisition de logements vides pour reloger des personnes sans-abri. À Liège, on estime à 2 000 le nombre de logements inoccupés… mais cette loi reste largement inapplicable en pratique. Les communes hésitent à l’utiliser, malgré l’urgence sociale.
 

La fin du sans-abrisme : une ambition possible avec du logement

Mettre fin au sans-abrisme d’ici 2030 n’est pas une utopie. Les leviers existent déjà : logement social, habitat modulaire, quotas publics, et accompagnement. Ce qu’il manque, c’est une réelle volonté politique à tous les niveaux pour les activer.

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