La ministre de la Politique des Grandes villes, Caroline Gennez, a annoncé mercredi 18 janvier, dans une interview de VRT News, l’investissement de 10 millions dans le modèle Housing First pour l’accompagnement des personnes sans-abri. 

Patient tient une clé

Le Housing-First est un dispositif essentiel dans la lutte contre le sans-abrisme car il permet de réinsérer durablement en logement les personnes sans-abri les plus vulnérables - et ce, sans prérequis. La décision politique de la ministre, aussi louable qu’elle soit, risque toutefois d’avoir des effets limités, car elle renforce l’accompagnement, mais ne garantit pas l’accès à des logements. Des effets limités car en Belgique les gouvernements ne subventionnent pas les logements destinés aux personnes sans-abri, au contraire du modèle finlandais sur lequel la ministre appuie son argumentation.

Et pourtant, c’est là où le bât blesse : la réinsertion de ce public est freinée par le manque de logements abordables, un manque de plus en plus criant avec le contexte de crise socio-économique que nous traversons. 

Investir dans le Housing First ne suffit pas. Certainement pas pour parvenir à l’objectif de fin du sans-abrisme que s’est fixé la Belgique pour fin 2030, en signant la Déclaration de Lisbonne. Il est grand temps de diversifier les solutions de sorties de rue, sans quoi le nombre de personnes sans-abri continuera, inlassablement, d’augmenter malgré les efforts fournis.C’est pourquoi, à l’inverse de ce que la Ministre Gennez énonce, Infirmiers de rue plaide pour l’instauration d’un quota de logements sociaux réservés aux personnes sans-abri.

Ce public représente ce qu’il y a de plus éloigné de toute forme de logement. L’absence de chez-soi est une circonstance urgente à laquelle les Sociétés Immobilières de Service Public ont pour mission de répondre, même si de nos jours cette problématique tend à frôler la normalité.

Faciliter l’accès au logement social en instaurant un quota n’est pas LA solution, mais elle doit, de manière structurelle, en faire partie si on veut répondre à l’urgence de la situation. Aujourd’hui, selon le dénombrement de 2020, ce sont plus que cinq milles personnes qui vivent en rue ou sont mal-logées à Bruxelles. Et demain ? 

Il faut agir maintenant en mettant en place des dispositifs structurels. Un pourcentage de logements sociaux permettrait de pallier le manque de logements abordables pour les personnes les plus précarisées. Il permettrait de renforcer leur accès aux droits, notamment celui du logement qui est inscrit dans notre Constitution. Un droit qui aujourd’hui est loin d’être satisfait …

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