Joséphine travaille depuis six ans comme infirmière au sein de l’asbl « Infirmiers de rue ». Elle nous parle de son travail au quotidien:
Accompagnée d’une collègue infirmière ou assistante sociale, j’effectue quotidiennement des maraudes. Il s’agit d’arpenter les rues de Bruxelles et d’aller à la rencontre des personnes sans-abri. Pour certains, il est question d’une première prise de contact qui ne dure parfois que quelques secondes. Avec d'autres, nous avons entamé un processus d’accompagnement depuis plusieurs semaines/mois dans le but de les reloger durablement.
Qu’il vente, qu’il pleuve, qu’il gèle ou qu’il fasse très chaud, la vie en rue est rude, tant sur le plan physique que sur le plan psychologique.
Une alimentation souvent pauvre et un manque d’hygiène, accompagnés d’une terrible absence d’intimité et d’une grande insécurité, privent de sommeil et affaiblissent considérablement la santé. Lors de la prise en charge des situations les plus graves (beaucoup souffrent de problèmes de santé mentale), notre médecin intervient sur le terrain pour nous conseiller et surtout renforcer le lien vers les infrastructures médicales les plus adaptées.
Sans la volonté du patient de s’en sortir, notre champ d’action reste très limité. Nous ne précipitons pas les choses! Au contraire, nous prenons le temps qu'il faut pour redonner confiance, motiver chaque personne. On ne sort pas du jour au lendemain de la rue...
Une fois relogés, les patients continuent d'être suivis régulièrement, car un retour à la rue est toujours possible et nous voulons à tout prix éviter cela.
En renforçant chez nos patients leurs points positifs, leurs ressources, nous fixons ensemble des objectifs en fonction de leurs envies et capacités. Chaque défi atteint, petit ou grand, est une vraie victoire pour la personne. Cela signifie qu'elle reprend le contrôle sur sa vie et ça lui permet de se projeter, d’être dans l’action. Ça la valorise et lui redonne une dignité humaine.
En 15 ans d'existence, nous avons relogé plus de 156 personnes.
Nous espérons, à terme, parvenir à mettre fin au sans-abrisme, ensemble avec tous les acteurs de la société.
© photos P-Y Jortay - Infirmiers de rue 2020