10 octobre : une journée pour relier santé mentale et sans-abrisme

Le 10 octobre, on célèbre à la fois la Journée mondiale de la santé mentale et la Journée internationale de lutte contre le sans-abrisme. Deux combats qu’on sépare trop souvent, alors qu’ils sont intimement liés.

Vivre à la rue, c’est vivre dans l’insécurité, l’isolement et la peur. C’est subir un stress permanent qui détruit le corps et l’esprit. Et quand la santé mentale vacille, sans accompagnement ni logement, la rue devient presque inévitable.

La précarité n’est pas qu’une question sociale : c’est une question de santé publique.
 

Sans-abrisme et santé mentale : un cercle vicieux

En Belgique, une personne sans-abri sur trois souffre de troubles psychiques. Pour celles et ceux qui dorment directement dehors, ce chiffre grimpe à plus de 60 %.

Chez Infirmiers de rue, nos équipes observent la même réalité : près de 70 % de nos patient·es présentent un trouble mental, dont un quart des troubles psychiatriques sévères comme la psychose, la schizophrénie ou le stress post-traumatique.

La vie en rue aggrave les troubles existants et en crée de nouveaux. La peur constante, le manque de sommeil, les agressions, la honte : autant de traumatismes invisibles qui laissent des traces profondes. Et inversement, souffrir d’un trouble mental rend l’accès à un logement ou à un emploi encore plus difficile, renforçant le cycle de l’exclusion.
 

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L’exclusion est aussi une politique publique

La santé mentale n’est pas seulement une affaire médicale. C’est une affaire politique. Derrière les souffrances individuelles se cachent des choix collectifs.

Depuis des années, les pouvoirs publics suppriment des lits psychiatriques, laissent se dégrader les services de santé mentale de proximité et ferment des institutions. Dans le même temps, les loyers explosent, les CPAS sont saturés et les services publics affaiblis.

Ces politiques créent les conditions du sans-abrisme. Chaque réduction de budget dans le logement, chaque réforme qui restreint l’accès aux allocations ou aux soins, alimente la détresse psychique.

La rue est devenue le plus grand hôpital psychiatrique de Bruxelles, sans murs, sans lits, sans médecins.
 

Le logement, premier soin de santé mentale

Un logement, ce n’est pas qu’un toit : c’est un espace de sécurité, de stabilité et de reconstruction. Les études comme notre expérience de terrain le montrent : accéder à un logement stable améliore la santé mentale, réduit les crises et permet d’engager des soins durables.

« Une fois le stress de la survie en rue éliminé, on peut enfin identifier les troubles sous-jacents », explique l’équipe psy d’Infirmiers de rue.

Mais les personnes les plus fragiles sont souvent celles qui ont le plus difficilement accès aux soins psychiatriques. Les démarches sont complexes, les rendez-vous rigides, les structures débordées. Ce système ne soigne pas : il exclut.
 

Pas de fin du sans-abrisme sans accès à la santé mentale

Mettre fin au sans-abrisme n’est pas une utopie, c’est un choix politique. Cela demande du courage et des moyens. La Belgique doit renforcer ses services de santé mentale accessibles à toutes et tous, développer des logements durables et abordables, et garantir une meilleure coordination entre les acteurs du social, du médical et du logement.

Car le logement est un soin, et la santé mentale un droit. Une société qui laisse dormir ses malades dehors ne manque pas de ressources : elle manque de volonté.

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