Aujourd'hui, j'ai rencontré Monsieur H.

Il y a un moment, nous avions décidé de l’intégrer dans notre suivi car il squattait chez un patient relogé par Infirmiers de rue et cela devenait problématique, au point qu'il y avait un risque de perte de logement. Nous allions donc le voir régulièrement, dans une station de métro ou une wasserette dans laquelle il passait ses journées.

A cette époque, il venait de perdre son appartement, sa situation sociale était très mauvaise, il consommait énormément et était très en demande de soutien car il n'était plus capable de réaliser ses démarches seul.

Petit à petit, nous avions avancé avec lui, afin de stabiliser sa situation sociale, de lui permettre de dormir dans un hébergement d'urgence et de réfléchir à ses projets.

Entre-temps, Monsieur avait fait un passage en prison, durant lequel tous ses droits avaient été « mis en pause ». Il en était sorti sans revenus, donc sans possibilité de logement.

De par la complexité de sa situation, il n’avait eu d’autre choix que de retourner en rue. Monsieur H. avait donc recommencé à consommer pour supporter ces conditions inhumaines...

Jusqu'au moment où il s'était décidé à changer sa vision : plutôt que de se détruire la santé à cause des failles du système, il avait pris les choses en main et était devenu pro-actif pour remettre sa situation en ordre.

Et voilà que ce jour, nous rencontrons Monsieur dans un snack, tout chic et propre sur lui, avec à la main un album photo qu'il a trouvé dans la rue et dans lequel il stocke tous ses documents pour ne pas les perdre. Il est maintenant confronté à la lenteur administrative, et cela devient compliqué pour lui.

Mais il garde espoir et se mobilise !

D’un point de vue extérieur, il y a souvent beaucoup de préjugés sur les personnes sans-abri. En voyant la situation de Monsieur H., on se rend compte qu'il y a beaucoup de choses à améliorer pour que toutes ces personnes, que nous rencontrons chaque jour, puissent sortir de la rue rapidement !

Elisabeth, infirmière de rue

 

 

(*) Nous mettons tout en œuvre pour respecter la vie privée de nos patient·es et notre secret professionnel. Nous voulons néanmoins témoigner de la façon dont ils·elles doivent survivre et de la manière dont nous travaillons ensemble à leur réinsertion. Par conséquent, le nom des lieux et des personnes sont volontairement omis ou modifiés et des situations vécues sont placées dans un autre contexte. Il n’y a pas de lien direct entre les photos et les histoires ci-dessus.

Sans vous, il n'y a pas de nous.