Accompagné d’un collègue, je me dirige vers la gare pour rejoindre Monsieur F., l’un de mes patients.

Lorsque nous arrivons au point de rendez-vous, Monsieur est bien présent. Nous discutons et petit à petit, nous remarquons que son moral est plus bas que d’habitude. L’année 2022 a été particulièrement rude pour lui, marquée par le décès de son frère et la perte de son logement. Toutefois, une solution lui a été trouvée et il dispose à nouveau d’un toit.

Nous tentons de savoir par quel moyen nous pouvons l'aider à se sentir mieux.

Il nous répond qu’il n’y a pas vraiment de méthode miracle pour le moment. Il explique qu’il n’y a rien de particulier à faire à part être présent et lui rendre visite régulièrement. Selon lui, il doit comprendre son mal-être et y faire face. Il faut qu’il aille au plus bas pour ensuite remonter. Et c’est à ce moment-là qu’il aura réellement besoin de nous.

Après cette rencontre, alors que je suis content d’entendre que notre présence lui apporte du positif, je me sens également frustré de ne pas avoir entendu une demande précise d’aide. Néanmoins, après réflexion, n’y avait-il pas une demande cachée derrière ses paroles : celle d’aller à son propre rythme ?

Cette matinée m’a rappelé l’importance de respecter le rythme personnel de chacun·e dans le processus de guérison. Il est primordial de laisser à Monsieur F. le temps nécessaire pour surmonter ses difficultés à sa propre vitesse, sans précipitation.

En prêtant attention à ses besoins et en lui offrant un cadre bienveillant, nous avons l’opportunité de lui apporter un soutien significatif dans son processus de rétablissement, même si cela ne se voit pas par des réponses immédiates. Je reste persuadé que Monsieur F. arrivera à remonter la pente avec notre soutien et surtout, grâce à sa propre détermination.

• T., travailleur social au pôle logement

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(*) Nous mettons tout en œuvre pour respecter la vie privée de nos patient·es et notre secret professionnel. Nous voulons néanmoins témoigner de la façon dont ils·elles doivent survivre et de la manière dont nous travaillons ensemble à leur réinsertion. Par conséquent, le nom des lieux et des personnes sont volontairement omis ou modifiés et des situations vécues sont placées dans un autre contexte. Il n’y a pas de lien direct entre les photos et les histoires ci-dessus.