Par une belle matinée d’août, je me suis vu proposer de partager des moments de ma vie, retracer un petit peu mon parcours, autour d'un café.

Qui suis-je pour qu’on me propose de parler de moi?

Je suis un jeune homme de 36 ans pour qui la vie n’a pas toujours été facile.

© P-Y Jortay

Car oui, j'ai vécu des années de galère, dont deux ans sans toit.

Avant ça, j'avais un appart. J’ai aussi eu plusieurs petits boulots, passant de facteur, à mettre les mains dans le cambouis dans un garage.

J’avais la chance d’avoir une location à moindre coût, avec de super proprios, cordiaux, avenants, chez qui je pouvais même faire mes lessives !

Mais ce moment de plénitude ne fut pas éternel. Un jour, ils ont voulu récupérer ce logement, car leur fils, en âge de quitter le nid, est venu y vivre.

Pas de souci, il était venu le temps de laisser la place à un autre.

C’est là que c’est devenu difficile. Retrouver un logement, avec un loyer correct.

Ma maman, que j’ai suivie lors de sa séparation avec mon père, n’est plus là pour m’aider.

Mon père, je n’ai plus de contact avec lui, pas question de compter sur lui.

Mes frères, eux non plus, ne sont pas dans les alentours. Et puis ils ont leur vie.

J’ai la chance de bien connaître le quartier, et le quartier me connait bien...

J’ai un ami qui me loge pendant un moment. Je me débrouille tant bien que mal, mais ce n’est pas tous les jours facile.

La boisson me réconforte. Régulièrement. Parfois trop souvent ?

© P-Y Jortay

Les jours se suivent, j’aimerais pouvoir changer la donne.

Je me rends au CPAS. Une aide m’est donnée.

Mais ce qui me permet réellement de me remettre en selle, c’est mon assistant social. Une personne en or !

J’ai la chance aussi de connaître d’autres travailleurs de cette institution. J’ai grandi dans ce quartier et les accointances sont restées, c’est un vrai plus!

Grâce à cette aide bienveillante, je retrouve un logement par le biais d’une agence immobilière sociale. Infirmiers de rue m'accompagne depuis lors.

Après deux ans de rue, je peux enfin souffler à nouveau. 

Ce n’est pas un logement des plus luxueux ; ce n’est pas grave. J’ai envie de pouvoir l’embellir.

Puis surtout, maintenant j’ai retrouvé un travail ! Je suis ouvrier polyvalent et je suis en attente d’un vrai contrat, à durée indéterminée!

C’est l’accompagnement en or de mon assistant social qui m‘a permis de trouver ce boulot en article 60 qui maintenant se concrétise en contrat solide.

C’est important pour moi de me sentir utile. Faire partie d’une équipe !

C’est dans une résidence pour personnes âgées. Tout le monde me connait, j’aime rencontrer les gens. Mes journées sont alors bien remplies. C’est une bulle d’air. Je me retrouve plus, en tout cas moins à tourner en rond, seul avec moi-même. La boisson doit moins venir en renfort aussi !

De là, je vais peut-être essayer de trouver un logement un peu plus lumineux, mieux aménagé.

J’aurais envie de voyager aussi. Avec un ami on aimerait aller en Haïti, même si pour le moment, la situation est compliquée là-bas, sans parler des mesures sanitaires.

- Raphaël.

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(*) Nous mettons tout en œuvre pour respecter la vie privée de nos patients et notre secret professionnel. Nous voulons néanmoins témoigner de la façon dont ils doivent survivre et de la manière dont nous travaillons ensemble à leur réinsertion. Par conséquent, le nom des lieux et des personnes sont volontairement omis ou modifiés et des situations vécues sont placées dans un autre contexte.

© P-Y Jortay - Infirmiers de rue 2021