Je m’appelle Cloé, infirmière depuis six ans. Dès le début de ma carrière, j’ai ressenti un appel vers le social, ce qui m’a naturellement orientée vers le travail auprès des personnes sans-abri. Depuis deux ans, je fais partie de l’ASBL Infirmiers de rue, une organisation dédiée à accompagner ce public vulnérable.
Une journée type
Ma journée commence à 9h par une réunion de briefing avec mes collègues. Pendant une demi-heure, nous discutons des faits marquants de la veille et planifions les visites à effectuer dans la matinée. Une fois notre matériel prêt – sac à dos rempli de fournitures de soins et de lingettes – nous nous mettons en route pour le "terrain". Je travaille toujours en binôme, accompagné·e d’un·e autre infirmier·e ou assistant·e social·e. Ensemble, nous allons à la rencontre de personnes sans-abri, qu’il s’agisse de patient·es déjà suivi·es ou de nouvelles personnes croisées lors de maraudes. Notre objectif est simple : tisser un lien de confiance, évaluer leurs besoins et les accompagner pour les aider à sortir de la rue.
Un métier qui va au-delà du soin
Être infirmière de rue ne se limite pas à prodiguer des soins. C’est aussi observer, écouter et établir une relation humaine. La rue est un environnement impitoyable, où les fragilités physiques et psychologiques sont exacerbées. Mon rôle est d’effectuer une évaluation globale de la personne, sans jugement ni présomptions. Cela peut prendre la forme d’un échange bref mais significatif, ou simplement d’une présence silencieuse et respectueuse. La posture de « l’aller vers » est essentielle. Contrairement aux patient·es qui consultent volontairement en milieu hospitalier, nos démarches impliquent de convaincre une personne de l’importance de sa santé. C’est un exercice d’équilibre : aborder la question avec tact pour ne pas brusquer ni éloigner.
L’importance de l’écoute et de la transmission
Mon travail ne s’arrête pas dans la rue. L’après-midi est consacrée à la transmission d’informations au bureau. Nous partageons nos observations avec les autres membres de l’équipe – travailleur·euses sociaux·ales, éducateur·ices, infirmier·es – afin de garantir une prise en charge cohérente. Ce processus est crucial, car une information manquante pourrait compromettre la relation de confiance avec un·e patient·e. Le bureau est également un espace de réflexion. Nous y analysons les cas rencontrés le matin, discutons des situations urgentes et partageons nos ressentis. Ce moment est indispensable pour digérer les expériences du terrain et maintenir notre efficacité.
Réflexions sur un métier de confiance
Être infirmière de rue est un métier qui demande de l’humilité. Chaque journée est faite d’échanges improvisés, d’interventions ponctuelles et de remises en question. Il faut accepter que nous ne pouvons pas tout résoudre, mais que chaque petite avancée compte. Au-delà des soins médicaux, mon rôle est aussi humain : écouter, réconforter, parfois simplement être là. Cette expérience m’a appris à voir au-delà des apparences, à valoriser les progrès, même infimes, et à persévérer malgré les obstacles.
Être infirmière de rue, c’est réinventer la pratique médicale dans un contexte difficile. C’est surtout reconnaître la dignité de chaque personne et offrir une présence humaine là où elle semble manquer. Ce travail, bien que exigeant, me rappelle chaque jour l’importance de l’écoute, de l’empathie et de la solidarité.
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