J’ai commencé à travailler au sein de l’ASBL Infirmiers de rue il y a quelques mois. Je connais donc Monsieur Q. depuis mes débuts. Il a été suivi et relogé par nos équipes de terrain.
Monsieur est né à Bruxelles au début des années 60. Suite à un burn-out et à un isolement trop important, il a vécu plusieurs années dans la rue.
Aujourd'hui, malgré le fait qu'il vive en appartement, son état de santé se détériore à vue d’œil.
À cela s'ajoute la difficulté pour lui de continuer à prendre soin de son logement, qui se dégrade également assez rapidement.
Malheureusement, le couperet est tombé : la perte de logement est imminente et Monsieur n’a d’autre choix que d’aller temporairement en maison de repos.
Il lui est difficile d’accepter qu’il n’est plus capable d’habiter seul, lui qui était un grand cycliste, qui aime se balader et prendre des photos de nature, qui rêve d’aller voir un match Anderlecht-USG. L’émotion dans son regard est touchante.
Nous le rassurons : ses rêves sont encore réalisables, même en maison de repos.
Finalement, ses doutes ne lui traversent l’esprit qu’un court instant : « Je vais y arriver, je vais traverser cette épreuve comme j’ai traversé d’autres difficultés ».
Nous sommes donc à la recherche de la maison de repos idéale pour monsieur. Une maison où il sera libre d’écouter sa musique et de sortir, de passer du temps dans un espace vert pour s’occuper de ses plantes.
Un lieu de vie où l’équipe médicale sera bienveillante et sans jugement. Nous sommes confiants.
La perte d'autonomie en logement, souvent précoce à cause des séquelles engendrées par la vie en rue, est une réalité à laquelle font face beaucoup de nos patient·es.
Mais nous sommes toujours là pour veiller à leur bien-être et trouver des solutions pour que leur lieu de vie leur convienne au mieux.
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(*) Nous mettons tout en œuvre pour respecter la vie privée de nos patient·es et notre secret professionnel. Nous voulons néanmoins témoigner de la façon dont ils·elles doivent survivre et de la manière dont nous travaillons ensemble à leur réinsertion. Par conséquent, le nom des lieux et des personnes sont volontairement omis ou modifiés et des situations vécues sont placées dans un autre contexte. Il n’y a pas de lien direct entre les photos et les histoires ci-dessus.