L'équipe d'Infirmiers de rue court les 20 km de Bruxelles et vote pour le logement.

Un ballon et un code QR démêlent les opinions politiques sur le sans-abrisme.

Bruxelles, 26 mai 2024

Sous le slogan "Nous courons et votons pour la fin du sans-abrisme", l’asbl Infirmiers de rue participe pour la 17e fois aux 20km de Bruxelles. Cette année, la course tombe juste avant les élections de juin 2024. Les 221 coureur·euses d'Infirmiers de rue participent donc avec un t-shirt spécifique et un ballon. Un code QR imprimé sur le T-shirt permet au public de visiter une page web où les programmes des partis bruxellois sont passés au crible en fonction des mesures qui contribuent à mettre fin au sans-abrisme, avec un accent sur le logement et la santé mentale.

Ensemble avec d’autres associations, Infirmiers de rue a examiné les programmes politiques bruxellois pour connaître leurs points de vue sur le sans-abrisme, à l'aide de treize questions et de trois thèmes : "logement social", "hébergement et relogement des personnes sans-abri" et "santé mentale et assuétudes". Les réponses aux questions ont été notées avec un score allant de "favorable", "défavorable", "mitigé", "incertain" à "pas adressé". Les programmes des partis analysés proviennent de DéFI, CD&V, Les Engagés, Ecolo, Groen, MR, Open Vld, N-VA, PS, PTB/PVDA et Vooruit.

L'organisation a ainsi compilé une matrice de 143 réponses. Le résultat donne une indication sur la manière dont les partis politiques bruxellois considèrent la question du sans-abrisme, ou pas.

 

En l'absence de position ...

Premier constat positif : seules deux réponses sont résolument "contre". DéFI et le MR s'opposent tous deux à la location renouvelable ou indéfinie de logements sociaux dans leur manifeste.

Mais d'un autre côté, Infirmiers de rue note que 69 cases de réponse restent simplement vides, ce qui signifie que les partis n'y répondent pas dans leur programme électoral, et que treize autres réponses obtiennent un score "mitigé" ou "incertain".

Soulignons toutefois qu’à 59 reprises, tous les partis confondus se prononcent explicitement en faveur d'une mesure ou d'une autre. Par exemple, huit des onze partis sont favorables à la poursuite du développement du logement social (DéFI, MR et Les Engagés n'ont pas de position claire), sept partis sont favorables à l’habitat léger et six au développement du modèle des Agences Immobilières Sociales (AIS).

À la question "Etes-vous favorable à la priorisation de la production de logements sociaux par l'imposition de quotas sur les terrains publics ?”, seuls deux programmes de partis expriment une position positive (CD&V & PTB/PVDA). Ce qui est d'ailleurs également le cas pour la question de la faisabilité de bail renouvelable dans le logement social (seuls PTB/PVDA & Vooruit ont une position positive claire).

Le programme du PS contient les positions les plus positives pour les questions posées (10/13), suivi par Ecolo (9/13). Sur base du programme de DéFI, une seule question peut recevoir une réponse positive, tandis que Groen, l'Open Vld et la N-VA s'en tiennent à deux positions positives.

Les détails de l'analyse peuvent être consultés ici  

manifestation

L'importance de cette élection

En 2022, la Région de Bruxelles-Capitale a enregistré le nombre sans précédent de 7 134 personnes sans-abri et mal logées, dont 809 dans l’espace public. Ces chiffres signifient une augmentation de 18,9 % entre 2020 et 2022. En effet, ce nombre a quadruplé depuis 2008, ce qui souligne l'urgence d'agir.

Les budgets consacrés à l'aide aux personnes sans-abri ont considérablement augmenté à Bruxelles au cours de la dernière législature, passant de 34,5 millions en 2019 à 73 millions en 2024. Cette augmentation est notamment une réponse aux crises successives survenues, à savoir l'épidémie du Covid, l'augmentation des prix de l'énergie, la guerre en Ukraine, etc. Parallèlement, les dispositifs d'intégration (Housing First, Guidance à domicile et post-hébergement) ont également été renforcés, mais dans une moindre mesure.

Dans le domaine de la réinsertion durable, les appels lancés aux autorités communales, CPAS et Agences immobilières sociales (AIS) pour des projets de captation de logements pour les groupes vulnérables ont été un véritable échec (sur les 400 logements attendus, seuls 50 ont été captés). Il convient toutefois de mentionner l'introduction d'un quota de 6% de logements sociaux pour les personnes sans-abri au sein des Sociétés Immobilières de Service Public (SISP).

Si certains progrès ont été réalisés, les défis demeurent et continueront malheureusement à s'accroître, compte tenu de l'augmentation du nombre de personnes sans-abri et mal-logées, de la politique de non-accueil des demandeur·euses de protection internationale, de la crise croissante du logement abordable, etc.

Infirmiers de rue se demande donc fortement si les programmes des partis politiques sont suffisamment ambitieux pour atteindre l'objectif de la Déclaration de Lisbonne, dont la Belgique est signataire, de mettre fin au sans-abrisme d'ici 2030. Il appartient aux prochains gouvernements (2024-2029) d'atteindre cet objectif...

* Les 3 thèmes et les 13 questions :

1. Logement social

  • a. Favorable à la poursuite de la construction de logements sociaux ?
  • b. Favorable à la priorisation de la production de logements sociaux en imposant des quotas dans les terrains/logements publics ?
  • c. Favorable à un quota de logements sociaux par commune ?
  • d. Favorable au fait de prioriser la production de logement social en imposant des quotas dans les projets privés ?
  • e. Favorable à un bail renouvelable ou indéfini au sein du logement social ?

2. Le relogement des personnes sans-abri

  • a. Favorable à des quotas d’attribution prioritaires dans les logements publics (autre que logement social) ?
  • b. Favorable au développement des Agences Immobilières Sociales ?
  • c. Favorables aux occupations temporaires à des fins de logement ?
  • d. Favorables aux habitats légers (ex : tiny houses) ?
  • e. Favorable au renforcement des hébergements d'urgence et de transit ?

3. La santé et les assuétudes

  • a. Favorable au renforcement des services de santé mentale ambulatoires ?
  • b. Favorable au renforcement des services de santé mentale résidentiels (maisons de soins psychiatriques, initiatives d’habitation protégée, etc.) ?
  • c. Favorable au développement des salles de consommation à moindre risque ?