Avec le retour des canicules en Belgique, les personnes sans-abri encourent des risques spécifiques. En effet, contrairement à ce que l’on pourrait penser, la vie en rue n’est pas beaucoup plus clémente en été qu’en hiver.
Quels sont les risques, bonnes pratiques et recommandations ? Piqûre de rappel administrée par le Dr Pierre Ryckmans, coordinateur médical d’Infirmiers de rue.
La vie en rue est aussi dangereuse en été
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la vie en rue n’est pas beaucoup plus clémente pour les personnes sans-abri en été qu’en hiver. « La différence réside surtout dans le fait que des’ plans hiver’ sont mis en place chaque année, mais peu de mesures sont prises dans les contextes caniculaires. »
Or, certains facteurs spécifiques peuvent porter atteinte à la santé de nos patient·es dans la rue. « Par exemple, le fait de passer sa journée à l’extérieur, sans protection du soleil et sans moyen de se rafraîchir augmente grandement le risque de malaises liés aux insolations et à la déshydratation. »
En effet, il est difficile pour les personnes sans-abri de trouver un coin d’ombre stratégique qui leur permet de mendier, activité souvent nécessaire pour s’acheter au moins de quoi boire ou manger.
Par ailleurs, les fontaines d’eau potable ne leur sont pas toujours accessibles facilement, ou fonctionnelles, ce qui limite l’approvisionnement en eau fraîche dans le courant de la journée.
Aussi, « pour les patient·es qui consomment de l’alcool, le risque de déshydratation est plus grand et peut poser des problèmes de santé à plus long terme comme des insuffisances rénales. »
Fortes chaleurs : que fait Infirmiers de rue ?
Dans un premier temps, les équipes de rue assurent un travail de prévention.« Lors de nos maraudes, nous attirons l’attention des patient·es sur l’importance de bien s’hydrater et de se protéger du soleil. »
A cet effet, le Plan des fontaines d’eau potable développé par Infirmiers de rue leur est très utile. « Nous leur proposons d’utiliser cet outil pour d’identifier ensemble la fontaine d’eau potable la plus proche. »
Ce n’est pas tout : « Nous leur proposons aussi de porter un couvre-chef, et nous pouvons leur en fournir grâce aux stocks de vêtements que nous recevons par don. »
Vous pouvez aussi aider une personne sans-abri
Il est toujours possible d’aider les personnes qui vivent en rue, mais leurs besoins évoluent au fil des saisons.
Le mieux est de discuter avec elles de leur situation. Certaines personnes ont par exemple un accès facile à de l’eau potable, mais n’ont pas les vêtements adaptés. D’autres sont plus ou moins sensibles au soleil.
Un pansement sur une jambe de bois
Tous ces petits gestes aident. Mais ils ne constituent pas à eux seuls une réponse à la problématique dans sa globalité.
Le Dr Ryckmans insiste : « Notre communication est saisonnière et vous pouvez avoir l’impression que l’on se répète. Pourtant, les risques sont bien là, toute l’année. S’il est important de prendre des mesures d’urgence pour assurer la survie des gens qui vivent en rue, il ne faut pas que cela empiète sur les vraies solutions, telles que le logement. »
En effet, Infirmiers de rue et d’autres associations prônent la mise en logement pour mettre fin au sans-abrisme. « C’est une question de bon sens. Nous partons du principe que cela permettrait d’éradiquer la plupart des risques, dont les risques médicaux liés aux aléas du climat pour les personnes sans-abri. »
En attendant… Prenons soin les uns des autres !
Quels sont les signes d'une déshydratation et comment agir si vous en êtes témoin?Si vous croisez une personne qui dort en plein soleil, n'hésitez pas à la réveiller pour la mettre à l'ombre et lui donner de l'eau à boire. Si elle présente des signes de confusion / désorientation et si elle ne veut pas se déplacer, appelez l'ambulance. Des lèvres sèches, des vêtements inappropriés (trop de couches) et un taux d'alcoolisation trop élevé devraient également donner l'alerte. Ne sous-estimons pas les effets et complications potentiels de la déshydratation (confusion, infections urinaires, calculs urinaires). Rappelons-nous que l'alcool augmente considérablement cette déshydratation, et que les personnes sans-abri ne le savent pas nécessairement. |