Juillet 2021 restera dans l’histoire comme le moment où de nombreux Belges sont devenus des réfugiés climatiques dans leur propre pays. Ces terribles inondations ont privé des milliers de familles de logement. Parmi celles-ci, une proportion importante n’était pas assurée et a littéralement tout perdu. Même pour les citoyens qui sont couverts par les assurances, cela prendra de longs mois voire des années pour récupérer une partie de ce qu’ils ont perdu.

Quelles que soient les causes naturelles et ou politiques de ces sinistres, des milliers de nos compatriotes sont aujourd’hui sans domicile. Les premiers jours, leur situation fait la une des journaux, la solidarité s’organise, visible parfois, discrète souvent. Mais dans un mois, dans six mois, les caméras se détourneront, la solidarité spontanée s’émoussera… alors que pour beaucoup de sinistrés, la situation ne sera toujours pas rétablie.    

 

Chez Infirmiers de rue, nous savons que quand la précarité s’installe, il devient très difficile d’en sortir. Pour beaucoup de nos patients, la « chute » en rue est liée à un ou plusieurs accidents de la vie dont ils n’ont pu se relever tout de suite. Une fois la misère invitée, elle s’installe. Il faut donc aider rapidement tous ces sinistrés à se reloger, sans quoi cette situation temporaire pourrait devenir définitive pour un certain nombre d’entre eux.    

 

Dans son livre « Qui a tué mon père », l’écrivain français Edouard Louis raconte comment une suite de décisions politiques a progressivement privé son père de soins nécessaires après un grave accident de travail, entraînant au final son décès : "Chez ceux qui ont tout, je n'ai jamais vu de famille aller voir la mer pour fêter une décision politique, parce que pour eux la politique ne change presque rien. (...) Pour les dominants, le plus souvent, la politique est une question esthétique : une manière de penser, une manière de voir le monde, de construire sa personne. Pour nous, c'était vivre ou mourir."

 

Face à ce terrible « coup du sort », les sinistrés de juillet ont un besoin vital d’action collective, maintenant. Sans quoi, ils viendront grossir les rangs des exclus, de ceux qui sont dehors. 

© Photo: https://www.afp.com/fr

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