Témoignages

Ce qui me marque et m’alimente le plus en tant que travailleur social, ce sont les moments de présence silencieuse. Certes on est tenu de remplir des objectifs, on a des obligations de rendez-vous et autres, mais ce que je préfère, c’est quand il ne se passe 'rien' avec le patient.

C’est un patient que j’ai rencontré lors de ma première maraude avec Infirmiers de rue. Monsieur L. se trouve en rue, amputé d’une jambe suite à une erreur médicale dans son pays d’origine. Il a du caractère mais est très gentil et très apprécié par son entourage. Monsieur n'a pas de papiers.

Nous avons vécu ensemble un petit moment, comme ça, partagé au coin d’une table. A la fois rien et tout en même temps. Un moment étrangement normal où nous étions tous trois installés, égaux, chacune et chacun sur notre chaise.

Actuellement en maison d'accueil, Madame V. présente un parcours assez sinueux constitué d’allers et retours entre maison de repos, hospitalisations, rue, maisons d’accueil, pour finalement retrouver, après plusieurs années, un logement seule.

Madame J. est une dame qu'on accompagne depuis un moment, d'abord en rue, et actuellement en logement. Malgré son tempérament sociable, elle nous a aussi habitués à des phases de silence complet.  Dans ces moments-là, même essayer de la voir chez elle n'est plus possible.

Monsieur M. est une personne pleine de ressources, trop longtemps mises de côté, sous-estimées par son entourage et ses connaissances. C’est que, quand on creuse un peu, on se rend compte qu'il est très débrouillard et tenace Monsieur M.!

Cela fait maintenant quelques mois que je suis employée chez Infirmiers de rue.

Quand j’en parle autour de moi, on me demande souvent si mon travail n’est pas trop difficile.

Je suis, à chaque fois, interpellée par cette question, qui aboutit toujours à la même réponse : non, mon travail n’est pas trop difficile !

Mais quelle semaine ! On peut le dire, je me suis sentie vivre avec vous: un cocktail d’émotions, allant du rire aux larmes, sans oublier ma patience qui a été mise à rude épreuve.

En ce début de printemps, nous avons rendez-vous avec Mme V. pour l’accompagner à un examen important à l’hôpital : son genou se dégrade et elle ne parvient presque plus à marcher.

Pas question d’être en retard donc.

Suzanne a vécu 12 ans dans les rues de Bruxelles. Grâce à un accompagnement intensif d’Infirmiers de rue, elle a intégré un logement et y vit depuis 4 ans. Elle vient d’intégrer le projet « My Way ».

Monsieur T*, 65 ans, a vécu isolé dans une tente pendant des années. Souffrant de problèmes psychiques, il était tellement déconnecté de la réalité que son hygiène était devenue déplorable. Se déplacer avec lui était toute une épopée car son odeur était insupportable et son comportement pouvait poser problème. On nous avait même dit: "Lui, vous n'arriverez jamais à le mettre en logement". 

On s’en serait voulu s’il était mort en rue, ça aurait été très difficile pour l’équipe.